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5 Jours du Léman

5 jours à toute vitesse

Nos 5 jours commencent 13 juin au matin avec une participation au Bol d’Or. C’est pour se familiariser avec les airs du Léman, mais aussi l’occasion de boire l’eau du lac et de s’immuniser contre les germes du Léman. Oui, cette année on part léger : en buvant l’eau sur laquelle on navigue on va gagner près de 25 Kg. Exit aussi les convoyages par la route, car on veut engranger plus de milles que de kilomètres. On naviguera sur un Surprise lémanique, le très rapide CUST-2, rebaptisé Boomerang et mis à notre disposition par une charmante Miss Tick, qui semble plus concernée par notre bonheur que par l’argent de la location.

La veille du départ les balises sont à poste sur des bateaux bien amarrés. Mais sur la cartographie les Surprises semblent sans arrêt sortir et rentrer du port de Vidy. Cette impression de frétillement vient de l’imprécision des GPS, mais elle reflète la nervosité des concurrents. Au briefing on écoute les consignes et la prévision d’une météo musclée, mais il n’y a pas question. La tête des concurrents est déjà sur la ligne de départ.

Notre tension chute après le départ, vite remplacée par la déception : le bateau est lent et les autres s’échappent. Cet hiver Pierre a beaucoup travaillé la tactique, mais compensera-t-elle le déficit de vitesse ? Giovanni a travaillé la grimpe, et de suite « grimpe » la tête en bas jusqu’au joint de quille où il découvre la branche qui nous freine. Ce frein arraché la monture galope, c’est le vrai départ, merci Miss Tick. On se lance immédiatement à la poursuite du bateau au spi rose, Pschiiit, avec qui nous avons des comptes à régler depuis 2014. 

Premier tour, mouillé (22 heures). Dans des petits airs ou sous les orages, nous suivons le peloton, cherchons à sécher les cirés et à dormir en attendant le vent de sud-ouest. Le tournant arrive à 9h08 : après la bouée du Bouveret un train de vagues longues et bien formées nous surprend, suivi d’une barre de vent à 25 nœuds. Le sud-ouest est rentré, le foc remplace le génois et au près ça tape dans la vague. Nous voici en Méditerranée !

Deuxième tour, viril (16 heures). Nous sommes à l’aise dans ce vent établi, les filles du lac moins. Le bateau au spi rose devient tout petit dans le rétroviseur et après quelques heures abandonne la course. Nous sommes très déçus d’avoir perdu notre adversaire et sommes obligés d’en trouver un autre du même calibre. Ce qui arrive tout de suite après Genève, quand des petits surfs au portant permettent à Pierre de rattraper l’équipage mixte d’Aéroports de Genève. On se double plusieurs fois sur ce bord et ce n’est que le prélude d’une bataille qui se poursuivra jusqu’à l’arrivée.

Troisième tour, grisant (15 heures). Le flux d’ouest persiste, la vague est régulière, les surfs à 10-12 nœuds se font réguliers au portant et le bateau va vite, très vite. Les amis de Forum EPFL cherchent l’algue sous leurs coques en nous voyant doubler si facilement nos vagues d’étrave. Ce vent, cette vague, ça rappelle notre Mistral et ça nous excite, ça nous empêche de dormir. Cette sensation de longue course à cheval sur la vague nous accompagnera certainement jusqu’à l’hiver.

Quatrième tour, halluciné (24 heures). Petite accalmie et pluie. Nous en profitons pour dormir, car nous sommes proie des hallucinations. Giovanni entend des nombreuses voix provenant du fond du bateau. Initialement confuses, elles deviennent de plus en plus compréhensibles. Quand il révèle sa détresse neurologique, Pierre a l’air soulagé. Lui-même a entendu du monde chanter à l’intérieur du bateau et plonge dans des rêves très réels dès qu’il ferme les yeux, même s’il est parfaitement vigilant et prêt à empanner. Cette accalmie sera aussi propice au changement de la LED en tête de mât, qui s’est éteinte au petit matin. La lutte est serrée à la sortie du petit lac et on décide de ne pas affaler le spi pour monter en tête de mât. Giovanni grimpe pendant que Pierre fait la sécurité, barre, règle bras et écoute et tripote les interrupteurs. Dommage que les adversaires ne remarquent pas la prouesse et ne prennent pas une photo de Giovanni au-dessus de son spi. Mais on ne perd pas notre place, la manœuvre a marché.

Cinquième tour, magique (18h). Le vent est revenu et ça va vite. Boomerang déteste le Bouveret et y perd encore quelques place, mais ça remonte vite. Pierre a la bonne intuition: le vent est partout sur le Léman, pourquoi suivre la meute qui tricote si on peut couper tout droit? Tout droit sur Vidy et on gagne 5 places, encore tout droit sur Genève et à la Nautique on attrape la 5ème position. C’est une nouvelle course qui commence, mais on comprend vite que Boomerang n’est pas à sa place. Les adversaires sont impitoyables et il faut tout le temps être à deux pour survivre à leurs attaques. Toute la nuit Boomerang lutte pour la 4ème position, mais au petit matin la pétole du Bouveret mélange les cartes une nouvelle fois. Tout est à refaire.

On se trouve bord à bord avec les deux satyres de Mordicus qui se baignent nus en attendant une risée. On fait pareil et pour nous 4 mâles alpha c’est l’occasion de comparer les attributs avant la bataille finale. Nous saurons plus tard que nos satyres sont des vraies figures mythiques du Léman.

Derniers petits tours, stressants (21h). La risée arrive, on remonte doucement jusqu’à la huitième place mais à Genève cinq bateaux nous rattrapent dans la molle. On dirait la bouée sous le vent d’un parcours banane, car les six bateaux tiennent sur la même ligne au passage de la marque. Un parcours banane qui dure depuis 101 heures ! On part pour un dernier sprint de 19 heures, avec une bise fastidieuse qui s’installe et une vague trop escarpée pour notre solent très plat. Nous tentons quelques coups tactiques et les vieux briscards du lac nous copient. Ils copient la tactique de Boomerang ! De quoi en être fiers…

Epilogue. A quelques milles de l’arrivée nous sommes derrière Mordicus et Aéroport de Genève, mais Pierre a le couteau entre les dents et entrevoit une risée à la côte. Il plonge dedans, ça accélère. Ça suffit à doubler les aéroportuaires, juste avant l’arrivée, mais pas pour rattraper des satyres qui finissent dixième à quelques cents mètres devant nous. 

On n’oubliera pas cette course, rapide, hallucinante, où on a chatouillé la tête de la course et explosé le record des 5 jours du Léman. Boomerang reviendra dans un an pour poursuivre un spi rose.

Giovanni Cappello et Pierre Varin, Boomerang

 

 

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